La Cordillière des songes Film chilien, français de
Patricio Guzmán - 1h 25 - Il ne sait plus par quel bout prendre
son pays. En exil depuis les années
70, le Chili est loin, comme un souvenir qui s'efface mais vous hante
quand
même, paradoxe douloureux qui a des allures de double peine. Pour clore
sa
trilogie de la mémoire qui s'enfuit, le génial poète documentariste
chilien
fait planer sa caméra au-dessus de la cordillère des Andes. On a
l'impression
d'y toucher l'éternité, la puissance de la Terre elle-même, comme si
elle
pouvait parler, raconter quelque chose de beau et terrible à la fois.
(Première) Dernier chapitre d'une trilogie
unique (après Nostalgie de la lumière
et Le Bouton de nacre), ayant ausculté le corps social, politique et
géographique de sa patrie, ce retour sur les traces presque effacées de
sa
jeunesse sud-américaine permet à Guzmán de faire siens les mots de
Saint-Exupéry, qui affirmait que l'on « est de son enfance comme
on est
d'un pays ». Avec une force d'évocation intacte, il continue de
filmer les
cicatrices d'une dictature abolie mais aux racines profondément
enfouies,
toujours impossibles à arracher sans éventrer la fragile cohésion d'un
pays
encore convalescent. (Positif) mercredi à 20h30 et dimanche à 20h30
|
|
Botero Film colombien, canadien
de Don Millar - 1h 22 - Fernando Botero est l'artiste le
plus exposé au monde. Mais derrière le
peintre et sculpteur, quel personnage, quelle vie... Nous suivons un
peintre
autodidacte qui se propulse au sommet du monde de l'art. Le film réunit
l'homme
et son art pour capturer l'essence de Botero : la résolution
tranquille et
la force de caractère qui lui ont permis de vaincre la pauvreté, des
décennies
de critiques acerbes et la mort tragique de son fils de quatre ans.
C'est une
chronique poétique d'une vie inspirante et un regard en coulisse sur le
pouvoir
d'une vision artistique unique. (Allociné) Jeudi à 20h30, et lundi à 20h30 |
|
La Vie invisible d'Euridice Gusmão Film brésilien, allemand
de Karim Aïnouz - 2h 20 - avec Carol Duarte, Julia
Stockler, Gregório Duvivier Superbe récit en forme de mélo, que le cinéaste brésilien
Karim Aïnouz (dont
le père est kabyle) réalise avec une ampleur éblouissante, traduisant
la beauté
tellurique de son pays entremêlée à sa dimension sociale. (Sud Ouest) La banalité du sexisme qui ponctue le récit est une des forces
de cet
ambitieux mélodrame, justement couronné du prix Un certain regard à
Cannes. Pas
de démonstration à charge, mais une fresque édifiante arrimée à deux
lignes de
vie, l'une dans les bas-fonds de la ville où les mères célibataires
vendent
parfois leur corps pour trouver une issue financière, l'autre dans une
cellule
familiale type de la classe moyenne de l'époque. Pas de coups
saillants, mais
une violence symbolique installée à tous les étages. (Positif) Si cette histoire de sœurs émeut tant, c'est parce que les
sentiments les
plus vifs suscités par le film émanent plutôt de la dépendance
invisible, quasi
inconsciente et à contretemps, qui relie ces deux destins. (Les Cahiers
du
Cinéma)
|
|
La Llorona Film guatémaltèque,
français De Jayro Bustamante- 1h avec María Mercedes
Coroy, Sabrina de La Hoz, Julio Diaz Après Ixcanul (les
Indiens) et Tremblements (les
homosexuels), Jayro Bustamante continue à explorer le traitement
violent
réservé aux minorités au Guatemala, à travers le massacre des opposants
au
régime militaire et l'impunité accordée aux généraux génocidaires. Il
s'inspire
pour l'occasion de l'ex-président Efraín Ríos Montt, dont la
condamnation pour
crimes contre l'humanité a été prestement annulée. Bustamante raconte
le retour
dans son antre d'un homme qui va se retrouver peu à peu hanté par son
passé. Et
sa belle idée est de convoquer les codes d'un cinéma fantastique
dépouillé de
tout effet spécial ainsi que la légende de la Llorona pour raconter cet
isolement grandissant. Il fait monter l'angoisse en jouant sur les
mouvements
de caméra, la composition des cadres et un travail sur le son, et en
faisant du
hors-champ un personnage essentiel de cette intrigue. Implacable.
(Première) |
|
La Bonne Réputation
Film mexicain d’Alejandra
Marquez Abella - 1h 39 - avec Ilse Salas,
Cassandra Ciangherotti, Paulina Gaitán Mexico, au début des années 1980,alors que la crise économique
n'épargne personne,
ou presque. Sofia, une femme de la haute bourgeoisie... ne supporte pas
de
devoir envisager son déclassement social... La réalisatrice mexicaine
dépeint
avec minutie et une discrète cruauté les faits et gestes et les états
d'âme de
son héroïne, une femme qui communie sur l'autel du bling-bling et du
mépris de
classe. Un film maitrisé et corrosif qui rend curieux des œuvres à
venir de la
cinéaste. (Positif) Assez finement, La Bonne Réputation parvient à être
acide sans être
fielleux, et drôle sans cesser d'être inquiétant. (Libération)
|