Family
life Film britannique de Ken Loach - 1971 - 1h50 - avec Sandy Ratcliff, Grace Cave, Bill Dean Tourné en 1971, un an après Kes, Family life est l'un des films les plus impressionnants de sa filmographie. Écrit par Loach et son scénariste David Mercer à partir d'une expérience déjà menée à la télé en 1967, Family life décrit le conflit qui oppose une jeune fille, Janice, à ses parents, petits-bourgeois normaux bloqués dans des réflexes conservateurs étouffants. Fragilisée par un avortement que sa mère l'a forcée à subir, Janice est conduite par ses parents en hôpital psychiatrique. Elle y mènera une thérapie de groupe efficace sous la direction d'un médecin attentif à la parole du malade, avant d'être récupérée par le système médical et déshumanisée par les médicaments et les électrochocs. Le film possède avant tout une force de dénonciation extrême : contemporain des recherches de Deleuze et Guattari (L'Anti-œdipe sortira quelques mois après le film) et assez proche de l'antipsychiatrie, Family life montre du doigt la psychiatrie institutionnelle, répressive et bornée, comme incapable de guérir car incapable de comprendre les maux. Mais le film ne se contente pas d'une dénonciation glacée. Ce qui est très beau, c'est la chaleur et la tendresse avec lesquelles Loach traite son sujet, la distance parfaite entre la caméra et les personnages. Filmé de manière quasi documentaire, en alternant de grandes scènes d'entretiens où les personnages sont assis dans les angles des plans et des scènes de famille plus chorales, admirablement interprété par des acteurs auxquels Loach laissait une petite marge d'improvisation, Family life est un grand film sur le contrôle social et sur l'enfermement Les Inrocks Samedi 3 à 18 h et mardi 6 à 20 h 30 |
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Vos quatre ailes rouges sur le dos Vous chantiez Alice de Lewis Carroll Sur une bande magnétique un peu folle Sur les vieux écrans de soixante-huit Vous étiez Chinoise mangeuse de frites Ferdinand Godard vous avait alpaguée De l’autre côté du miroir d’un café Yves Simon |
La Chinoise Film français de Jean-Luc Godard - 1967 - 1h36 - avec Anne Wiazemsky, Juliet Berto, Jean-Pierre Léaud Jean-Luc Godard dira de La Chinoise 10 ans plus tard que le film serait un exemple qui montrerait que le cinéma peut servir à voir l'apparition des formes (Godard, 1984, p.217) Tourné environ un an avant les événements de mai 68 en France, le film montre l'atmosphère qui a contribué à leur genèse. Cela n'a rien à voir avec la vision ou la prise de conscience mais plutôt avec la conscience douloureuse que les efforts des personnages qui jouent des rôles de marxistes-léninistes ont quelque chose de ridicule bien que ces efforts cachent aussi quelque chose de vrai. Les personnages sont à la fois vrais et faux mais redonnent justement pour cette raison le ton qui a régné à l'époque. Pour cette raison, Godard qualifie également La Chinoise de film documentaire: Les choses qui se sont produites avaient quelque chose d'intéressant et de vrai. Lorsqu'on a dit en France en 1967: c'est quand même ridicule, ces enfants sont ridicules…, on devait contredire. Et lorsqu'on dit aujourd'hui: ces enfants en 1968 pensaient bien faire, ils ont fait quelque chose de bien…, je peux juste dire aujourd'hui: oui mais ils étaient également un peu ridicules (Godard, 1984, p.218). www.republicart.com Samedi 17 à 18 h et mardi 20 à 20 h 30
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Reprise Documentaire français d’Hervé Le Roux - 1996 - 3h12 NUL n’a oublié l’une des scènes les plus poignantes et les plus symboliques de ce que fut mai 68 en France. Elle montre les dernières résistances d’une jeune ouvrière des usines Wonder, à Saint-Ouen, aux portes de Paris, refusant de reprendre le travail après la longue grève. Deux délégués syndicaux cherchent à la convaincre. Mais rien n’y fait, elle ne veut pas rentrer. Ainsi s’achevait un petit film militant de quelques minutes, intitulé La Reprise du travail aux usines Wonder. Alors qu’il n’était, au départ, qu’un simple reportage, réalisé sans préparation ni repérage - On avait l’habitude pour ce type de reportage d’aller filmer les singes au zoo, se souviennent les auteurs. Puis on s’est retrouvés par hasard devant l’usine Wonder à filmer cette scène -, ce court- métrage, réalisé par deux étudiants en cinéma, allait devenir un vrai brûlot révolutionnaire, projeté dans des centaines de meetings politiques. Hervé Le Roux, réalisateur (Grand bonheur, 1992), est resté hanté par ces images et par la détermination de cette jeune ouvrière. Qu’est-elle devenue près de trente ans plus tard ? A-t-elle fini par reprendre son poste ? A-t-elle quitté Wonder ? Elle n’avait eu droit qu’à une prise, je lui en devais une deuxième, confie-t-il. Le Roux est donc parti à la recherche des protagonistes de cette histoire. Le résultat est un film politique formidable . Trois heures trente de reportages et d’entretiens passionnants. La plupart des témoins de l’époque revoient l’ancien court-métrage devant la caméra d’Hervé Le Roux. Ils n’ont rien oublié. A travers le récit de ces femmes (la plupart embauchées dès leur plus jeune âge, sans qualification aucune, payées une misère) et de la saga de l’usine Wonder, c’est une partie de l’histoire récente de la classe ouvrière et de l’ère industrielle qui est évoquée. Le monde diplomatique Samedi 31 à 17 heures suivi d’une discussion animée par Mathilde Dubesset, professeure à l’IEP de Grenoble et d’un buffet
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