Amarcord (28
novembre à 17 h 30)
Film italien de Federico Fellini (1973)- 2h07 avec Bruno Zanin, Magali Noël Jamais Fellini n'a été plus proche de l'autobiographie
qu'avec ce film au titre évocateur : « Je me souviens », en dialecte romagnol.
Souvenirs, donc, du jeune Federico, quand il découvrait la vie à Rimini dans
les années 30. La mémoire transforme ces instantanés de vie ordinaire en
saynètes, tableaux, images irrésistibles. Au fil d'une chronique décousue main
surgissent les seins de la Gradisca, vamp locale, le fabuleux paquebot Rex
glissant dans la nuit, et la parade grotesque des guignols en uniforme de la
fête fasciste. Tous ces signes cocasses ou mélancoliques, trop beaux pour ne
pas être véridiques, raniment les émois d'une adolescence hantée par la « chair
», comme on disait du péché du même nom. La plus mince anecdote est ici
sublimée par l'œil de l'artiste Fellini (et ses complices : le chef op'
Giuseppe Rotunno et le compositeur Nino Rota). Magnifique hommage au cinéma,
celui de l'adolescent de Rimini et celui qui permet au cinéaste consacré de
continuer à transfigurer la réalité en rêve éveillé.
OSCAR DU MEILLEUR FILM ETRANGER 1975 Télérama Amarcord vient du patoi d'Emilie-Romagne. C'est une déformation de « A mi ricordo » : « A je me souviens ». Contrairement aux autres films, Amarcord ne fait pas un va-et-vient entre le présent et un passé réinventé mais évoque des souvenirs très précis de la jeunesse de Fellini à Rimini : l'arrivée des paquebots, le Grand Hôtel, la visite de Mussolini... En cela, le cinéaste parle d'Amarcord comme d'un film « de souvenirs » alors que les autres seraient « de mémoire ». Le réalisateur a voulu faire un film sur l'adolescence : la sienne mais également celle de l'Italie avec le régime fasciste. Il signe une œuvre envoutante, touchante, qui mélange légèreté et gravité, joie et tristesse, avec une grande maestria |
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Intervista (27
novembre à 21h00 )
Film italien de Federico Fellini (1987) - 1h52 - avec Marcello Mastroianni,
Anita Ekberg, Sergio Rubini Arrêt sur image : Anita Ekberg, vingt-cinq ans après La Dolce Vita. Le choc d'une apparition
monumentale et fragile. L'émotion de retrouvailles surprises avec un
Mastroianni lui-même vieillissant, affectueux et touchant. C'est la séquence
coup de cœur d'Intervista. Elle
renvoie à la mythologie fellinienne, à cet univers mirifique que le maestro,
cette fois, parcourt, en personne à l'écran, talonné par une équipe de télé
japonaise qui veut tout comprendre. Mais, bien entendu, il n'y a rien à
comprendre. Juste à se laisser embarquer dans une succession d'échappées
zigzaguantes, de quasi-reportages in situ, « chez lui », dans les studios de
Cinecittà, en reconstitutions de fantaisie, de retours furtifs au passé (un
jeune Federico interviewe sa première star), de détours par l'autoparodie (un
casting fellinissime) ou par la parodie satirique (le tournage d'un spot
publicitaire). Fellini convoque pour le final, des Indiens emplumés attaquant
le cinéma, une antenne de télévision à la main. Lourd, lourd, le symbole, si
loin du plaisir vif procuré par ce patchwork de croquis, qui fait un bel écho à
l'œuvre tout entière Télérama
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Draquila (25, 26, 30
novembre à 20 h 30 - 28 novembre à 15h00)
Film italien de Sabrina Guzzanti (2009) – 1h30- L'Italie qui tremble,
dit le sous-titre de ce documentaire de Sabina Guzzanti, ex-poil à gratter de
la télé transalpine devenue réalisatrice de films de cinéma (Viva Zapatero!). Celle-ci se sert du
séisme d'Aquila, survenu en avril 2009 dans la région des Abruzzes, pour
démontrer comment le Cavaliere trompe son peuple dans les grandes largeurs, via
notamment des projets immobiliers inhumains. L'Italien de la rue, gavé de télé
berlusconienne, n'y voit que du feu. Dans la veine d'un Michael Moore, le culte
de la personnalité en moins, la réalisatrice prend son bâton de pèlerin et
recadre les choses. Mieux, elle transcende son sujet pour le rendre universel.
Un film important ! Il n’y a plus que quelques comiques désormais pour combattre
Berlusconi ? Tous banni de la télé, comme Beppe Grillo, Daniele Luttazzi
et Sabrina Guzzanti. Le ministre de la propagande du régime est devenu furieux
quand il a su que Cannes avait sélectionné le film de Guzzanti, hilarante
mascarade négative du Duce. Grâce à la colère ministérielle, on a mieux
compris, dans le monde, quel vent soufflait en Italie. Comme pour Viva Zapatero, on reste abasourdi par
tout ce que révèle l’enquête de la réalisatrice. L’humour n’est plus de mise
pour stigmatiser les perpétuelles entorses à la démocratie, l’hypocrisie et le mensonge
comme mode de gouvernement, sans parler du cynisme d’un homme sans scrupules. La mise en image se permet des partis pris graphique tout à
fait en accord avec les débordements du Président du Conseil. L'enquête devient
parfois hystérique dans ses effets mais permet d'illustrer des informations
nécessaires à la bonne compréhension des machinations en place. Sans temps
mort, la réalisatrice nous convie à une valse aux temps multiples, passant en
revue les errances du gouvernement et le désespoir naissant des habitants
d'Aquila privés de leurs demeures.
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Questione di cuore (27 novembre à 17 h00 - 30 novembre à 20h30)
Film italien de Francesca Archibugi -1h44 - avec
Antonio Albanese, Kim Rossi Stuart, Micaela Ramazzotti, Francesca Inaudi... Francesca Archibugi retrouve la pierre philosophale du
cinéma italien : cet art inouï de transformer le drame en comédie. Tout le
talent de la cinéaste consiste à surfer sur ce faux mélo, entre rire, pudeur et
émotion, pour dépeindre les liens qui se tissent entre ces deux angoissés
devenus inséparables, leur entraide mutuelle et la discrète préparation à des
lendemains moins euphoriques. Le film est une réussite à laquelle il faut
associer deux comédiens : Antonio Albanese et Kim Rossi Stuart, dignes
héritiers des Gassman, Tognazzi ou Manfredi d’antan. Le film amorce une trajectoire qui le mène sensiblement vers
le mélo, mais la force du cinéma italien est précisément de traiter des sujets
dramatiques sur le ton de la comédie, avec des comédiens capables de faire les
histrions en cachant pudiquement le désespoir des personnages qu'ils incarnent.C'est ce que réussit Francesca Archibugi dans Question de cœur, avec deux acteurs maitrisant
l'émotion discrète, usant chacun de leurs dons : l'exubérance du raté façon
Alberto Sordi pour Antonio Albanese, l'abnégation résignée façon Nino Manfredi
pour Kim Rossi Stuart, qui bâtit l'essentiel de son jeu sur l'épuisement
physique. Le fantôme de Luigi Comencini semble avoir rôdé sur le
plateau. C'est un film à fleur de cœur, où la profondeur, voire la
gravité des sentiments et du regard posé sur les gens et les choses n'empêchent
pas la légèreté et l'humour, bien au contraire. On y goûte le parfum de ces
soirées estivales où on s'attarde un peu, tout simplement parce qu'on est si
bien là à déguster la vie qui file, tellement irremplaçable et bonne avec ses
hauts, ses bas, ses petites émotions et ses gros tracas. Et on s'émerveille de
sentir poindre à chaque instant du film l'indispensable douceur de la
solidarité et de la tendresse humaines.
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Samedi 26 novembre, 19 h 15 : Conférence de Brice di Gennaro et Olivier Kahn (Rencontres de cinéma de Grenoble), suivie d’un buffet italien