du  14 au 20 mai

Semaine du 21 mai
Voyage avec mon père         

 
 
 
Film de Julia von Heinz - France, Allemagne, Pologne, U.S.A. - 1h 52 - a Lena Dunham, Stephen Fry, Zbigniew Zamachowski 
Une journaliste new-yorkaise propose à son père, rescapé des camps, un voyage en Pologne, son pays d’origine. Elle cherche à comprendre l’histoire de sa famille, tandis que lui n’a aucune envie de déterrer le passé. Un voyage qui s’annonce compliqué ! 
La mise en scène de Julia Von Heinz orchestre une émotion grandissante, à coups d’humour mélancolique et de confrontations avec le passé, mais une tristesse sourde subsiste. (Cahiers du Cinéma)  
Un film doux et profond sur les traumatismes enfouis. (Le Figaro) 



Semaine du 21 mai 
Le Village aux portes du Paradis    


 

Film de Mo Harawe - Autriche, France, Allemagne, Somalie - 2h 14 - avec Canab Axmed Ibraahin, Axmed Cali Faarax, Cigaal Maxamuud Saleebaan 
Un petit village du désert somalien, torride et venteux. Mamargade, père célibataire, cumule les petits boulots pour offrir à son fils Cigaal une vie meilleure. Alors qu’elle vient de divorcer, sa sœur Araweelo revient vivre avec eux. Malgré les vents changeants d’un pays en proie à la guerre civile et aux catastrophes naturelles, l’amour, la confiance et la résilience leur permettront de prendre en main leur destinée. 
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024.Renversant de beauté, traversé par un amour fou pour ses personnages, le premier long-métrage de Mo Harawe contient des scènes et des images inoubliables. (Bande à part) 
Aux antipodes des clichés misérabilistes, ce coup d’essai révèle un cinéaste, un vrai. (Marianne) 




Semaine du 28 mai
Familia      
  


Film de Francesco Costabile – Italie - 2h 04 avec Francesco Gheghi, Barbara Ronchi, Francesco Di Leva 
Rome, début des années 1980. Licia élève seule ses fils Gigi et Alessandro, suite à une mesure d’éloignement de Franco, leur père dont la violence a marqué leur enfance. Gigi grandit en trouvant refuge auprès d’un groupe néofasciste et reproduit peu à peu le schéma paternel. Après dix ans d'absence, Franco réapparaît, bien décidé à retrouver sa place au sein de ce qu'il considère comme son foyer. 
D’après le livre de Luigi Celeste - Non sarà sempre così (Il n’en sera pas toujours ainsi).
 
Filmé à bout portant, ce petit bijou de cinéma est servi par une distribution remarquable : Barbara Ronchi, Francesco Gheghi, Marco Cicalese et l'exceptionnel Francesco Di Leva dans le rôle du père. Un film dur mais magnifique. (Le Point) 
Évitant tout manichéisme facile, la mise en scène marie le drame social au thriller noir, sur une partition appropriée. Le scénario s’articule autour du thème de l’enfermement physique et psychologique. La justesse de la distribution et l’excellence du jeu ont valu à Francesco Gheghi le prix d’interprétation masculine de la section Orizzonti à la Mostra en 2024. (Positif) 




Semaine du 28 mai
Ceci n’est pas une guerre   




Film de Magali Roucaut, Eric-John Bretmel – France - 1h 14min | Documentaire 
Dans un Paris aux allures de science-fiction où la loi impose de rester chez soi, deux amis, Magali et Eric-John, s’aventurent à travers les rues désertes pour essayer de réinventer le lien aux autres. Dans la ville endormie, les fantômes sortent aussi, du fond des rues et des conversations téléphoniques entre Eric-John et son père, hanté par ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale... 
Au final cette chronique qui oscille entre des petites bulles de confinement prises sur le vif et des fragrances d’histoire familiale sait nous émouvoir et nous rappeler que, tant dans le silence de ces rues désertes que dans le tumulte de nos émotions et de nos pensées intimes qui les traversent, la notion de réel reste au final hautement subjective, une sorte de synthèse de nos sens, de notre histoire et de nos projections. (Culturopoing.com) 
Les cinéastes ont préféré la mémoire d’un passé plus lointain, celle des enfants déportés à 5 ans. Il fallait de l’audace pour rapprocher ainsi les époques, mais on n’aurait pas pu mieux dire la cécité qui a accompagné la pandémie (...). (Positif) 


Semaine du 4 juin
Un médecin pour la paix     
    
 
Film de Tal Barda - Canada, France - 1h 32 -  
Izzeldin Abuelaish, premier médecin palestinien à travailler dans un hôpital israélien, voit sa maison bombardée en 2009, tuant trois de ses filles et une nièce. Malgré cette tragédie, il trouve la force de parler d'espoir et de réconciliation. Exilé depuis au Canada, il milite sans relâche pour la paix entre Israël et la Palestine, ce qui lui vaudra d’être nominé cinq fois pour le Prix Nobel de la Paix. 
Une poésie accentuée par certains plans d’extérieurs montrant la beauté cachée de Gaza et de sa population, et qui, associée aux images actuelles de la bande en fin de film, génère l’effroi autant qu’elle pousse à réfléchir sur les raisons du désastre. (La Septième Obsession) 
Ce documentaire impose le respect pour cet humaniste et entretient l'espoir que de bonnes volontés s'élèvent pour trouver les moyens d'un accord de paix durable. (Positif) 







Semaine du 4 juin
Harvest         
 
  

Film d’Athina Rachel Tsangari - Grande-Bretagne, U.S.A., Allemagne, France, Grèce - 2h 11 - avec Caleb Landry Jones, Harry Melling, Rosy McEwen 
Walter Thirsk, citadin devenu fermier, Charles Kent, seigneur un peu perdu, et les paysans de son domaine, coulent tous une existence paisible aux confins d’un Eden luxuriant lorsque se profile la menace du monde extérieur. En sept jours hallucinés, les habitants de ce village sans nom vont assister à sa disparition. 
C’est plastiquement stupéfiant – le Super 16 argentique, Sean Price Williams, chef op notable d’Alex Ross Perry et des frères Safdie et auteur de The Sweet East, accomplit des miracles de scintillements et de couleurs. Au récit aligné, le film préfère le temps circulaire de la moisson saisonnière, cette unité, ce rite, le cycle du labeur avant la délivrance. (Libération) 
Surréaliste, bucolique, noir, cet ovni est porté par l'irrésistible Caleb Landry Jones. (Elle) 
 



Vendredi 6 juin
Anaïs, 2 chapitres         

 
Film de Marion Gervais – France - 1h 44 - 
Anaïs, 24 ans, s'installe comme agricultrice en Bretagne. Rien ne l'arrête. Ni l'administration, ni les professeurs misogynes, ni le tracteur en panne, ni les caprices du temps... 10 ans plus tard, Anaïs est maintenant mariée avec un jeune Sénégalais, Seydou. La dure loi des frontières compliquant tout, ils vont devoir se relever les manches...Ensemble. 
Avec ce documentaire, la réalisatrice Marion Gervais saisit une tranche de vie et dresse un beau portrait de femme. (Franceinfo Culture) 
"Anaïs, 2 chapitres" n’est pas un documentaire de démonstration sur la béatitude de la vie au vert, ni sur l’intégration, mais se laisse toutes latitudes de questionner ce qu’être libre veut dire, et à quoi la dissidence en actes peut bien ressembler. (Libération) 
Cin'Eco en présence de la réalisatrice Marion Gervais 



Semaine du 11 juin
Dimanches     



   
Film de Shokir Kholikov - Ouzbékistan - 1h 37 - avec Abdurakhmon Yusufaliyev, Roza Piyazova 
Un couple de paysans âgés vit paisiblement dans un petit village de la campagne ouzbek où il travaille la laine. Peu à peu, son existence se voit bouleversée par les sollicitations de ses deux fils, qui insistent pour faire pénétrer la technologie chez eux malgré leurs réticences – et avec une idée derrière la tête : démolir la vieille maison qu’ils habitent pour en construire une nouvelle, afin que le plus jeune fils, ayant réussi à l’étranger, puisse en faire sa résidence secondaire... 
À travers le dépassement comique auquel fait face le couple à l’égard de ces nouvelles technologies supposées faciliter son quotidien, le film dépeint en creux une complicité amoureuse rare, aussi vieille qu’inébranlable, de celle qui se passe de mots. (Les Inrocks) 
Tout en décelant les influences évidentes d’un certain pan austère et poétique du cinéma iranien, Kholikov parvient à creuser un sillon personnel et prometteur dans ce beau galop d’essai. (CinemaTeaser) 


Semaine du 11 juin
Tu ne mentiras point           



Film de Tim Mielants – Irlande - 1h 38 - avec Cillian Murphy, Eileen Walsh, Emily Watson 
Irlande, 1985. Modeste entrepreneur dans la vente de charbon, Bill Furlong tache de maintenir à flot son entreprise, et de subvenir aux besoins de sa famille. Un jour, lors d'une livraison au couvent de la ville, il fait une découverte qui le bouleverse. Ce secret longtemps dissimulé va le confronter à son passé et au silence complice d'une communauté vivant dans la peur. 
Cillian Murphy élève son personnage pour se mettre à la hauteur de sa grandeur d’âme modeste, figure sanctifiée qui se défait de son manteau dans une altérité quasi biblique. (Le Dauphiné libéré) 
Récit tout en intériorité, Tu ne mentiras point baigne dans les crépuscules hivernaux à peine égayés par les guirlandes de Noël, qui contrastent avec l’hypocrisie des paroissiens. Émanent une simplicité, une minutie des détails au diapason de la plume contemplative de Claire Keegan, déjà à l’œuvre dans The Quiet Girl. (Le Figaro)


Vendredi 13 avril
Le Chant des Vivants        


 
Film de Cécile Allegra – France - 1h 22 -  
Survivants de la longue route de l’exil, de jeunes filles, de jeunes hommes, arrivent à Conques, au cœur de l’Aveyron. Là, une association, Limbo, entourée d’habitants accueillants, permettent au groupe de se poser un temps. Ces jeunes sont issus d’Erythrée, du Soudan, de Somalie, de Guinée, de RDC. À Conques, ils marchent, discutent, respirent... Peu à peu, le souvenir de la route s’atténue, et la parole renaît. Alors un jour surgit une idée un peu folle, celle d’une expérience collective. L’histoire commence à l’automne, dans ce petit bout de France, et se termine en juillet, dans l’éclat d’un été. De toutes leurs épreuves, ils feront une chanson. 
Un documentaire d’une force exceptionnelle. (L'Humanité) 
Parenthèse avant la décision administrative qui statuera sur leur aveni
r, ce récit de reconstruction est la mémoire de ce que trop d’entre nous préfèrent encore ne pas savoir. (L'Obs) 
Dans le cadre de la Fête des Réfugiés








Semaine du 30 avril
Radio Prague, les ondes de la révolte         

 
 
Film de Jirí Mádl - République tchèque, Slovaquie - 1h 55 - avec Vojtech Vodochodský, Stanislav Majer, Tatiana Pauhofová 
Mars 1968. À la veille du Printemps de Prague, Tomáš décroche un emploi à la radio et travaille pour des journalistes qui défient la censure de l’État. Soumis à un chantage de la police secrète, parviendra-t-il à la déjouer sans trahir ses idéaux ? Le récit d’un combat pour la liberté qui a marqué l’Histoire… 
Ce thriller historique et journalistique très bien mené devient encore plus haletant lorsque survient la menace des chars russes. La deuxième heure est captivante. (Le Parisien) 
Au-delà du Printemps de Prague et de son écho contemporain, avec l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe et les méthodes des proches de Vladimir Poutine pour museler la liberté d'expression et fabriquer des « fake news », Jiri Madl signe un puissant drame humain, porté par un suspense dont on connaît, hélas, l'issue. (Le Point) 


Vendredi 2 mai
La Chute du ciel 
    
 
 
Film d’Eryk Rocha, Gabriela Carneiro da Cunha - Brésil, Italie, France - 1h 50 -
Les Yanomami, tribu indigène de l'Amazonie brésilienne, mènent une lutte acharnée pour préserver leur territoire et leur mode de vie ancestral face à la menace du "peuple de la marchandise". À travers le discours puissant de Davi Kopenawa, chaman et porte-parole de sa communauté, le film offre une immersion profonde dans leur cosmologie et se fait l’écho d’un appel urgent à la sauvegarde de la forêt et à la redéfinition de notre rapport à la nature. 
Le film d’Eryk Rocha et Gabriela Carneiro da Cunha vient s’inscrire au cœur de cette forêt vivante, dont aucune carte nu aucun récit ne peuvent restituer la profusion sensorielle. […] Ni enquête ethnographique, ni fable édénique, La Chute du ciel redéfinit les termes d’une relation où l’on s’observe de part et d’autre de la caméra. (Cahiers du Cinéma) 
Le film travaille une forme proprement « décoloniale » dont le regard émanerait, sans surplomb, de l’intérieur même de la communauté ici documentée. (Critikat.com) 
Dans le cadre de Cin'Eco




Semaine du 7 mai
Le Garçon       
  


 
  
Film de Zabou Breitman et Florent Vassault – France - 1h 37 - avec Damien Sobieraff, Nicolas Avinée, Isabelle Nanty 
Tout débute avec les photos d'une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaitre. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ? Une enquête familiale vertigineuse, où réalité́ et fiction se mêlent jusqu’à se confondre parfois. 
Dialogue alerte entre fiction et documentaire, « le Garçon » donne lieu à un bouleversant crescendo émotionnel. (L'Obs) 
Entre documentaire et fiction, Le duo Zabou Breitman/Florent Vassault donne naissance à l’un des projets le plus originaux et audacieux de ce début d’année. (Marianne) 





Semaine du 26 février 
Fanon    


Film de Jean-Claude Barny - Canada, Luxembourg, France - 2h 13 - avec Alexandre Bouyer, Déborah François, Stanislas Merhar 
Frantz Fanon, un psychiatre français originaire de la Martinique vient d’être nommé chef de service à l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie. Ses méthodes contrastent avec celles des autres médecins dans un contexte de colonisation.Un biopic au cœur de la guerre d’Algérie où se livre un combat au nom de l’Humanité. 
Si la pensée radicale de Fanon ne trouve pas d’équivalent dans les choix esthétiques de Jean-Claude Barny – narration linéaire, mise en scène classique, musique d’accompagnement parfois trop présente –, la rigueur de l’approche historique ainsi que l’attachement aux textes, largement cités, suffit à soutenir l’intérêt. (Cahiers du Cinéma) 
Faisant le choix d’une réalisation épurée, servie d’une photographie et d’un son très maîtrisés, Jean-Claude Barny signe davantage qu’un biopic : une porte d’entrée sur une oeuvre culte, d’autant qu’on commémore cette année les 100 ans de la naissance de Frantz Fanon. (Rolling Stone) 




Semaine du 5 mars
Présence    
  
Film de Steven Soderberg - U.S.A. - 1h 25 - avec Lucy Liu, Chris Sullivan, Callina Liang 
Une famille emménage dans une nouvelle maison, où une mystérieuse présence hante les lieux. 
Une histoire de fantômes pas tout à fait comme les autres. (Les Inrocks) 
« La caméra subjective était inscrite dans le scénario, puisqu’elle épouse le point de vue de la présence, qui est un personnage. Donc, dans l’absolu, Steven Soderbergh est la présence », note Chris Sullivan, pince-sans-rire. Quoiqu’il n’ait pas tort, puisque Steven Soderbergh est, notoirement, son propre cameraman et directeur photo. Par conséquent, dans ce contexte cinématographique particulier, il n’est pas exagéré de dire que Soderbergh, la caméra qu’il manie et l’entité que celle-ci représente ne font qu’un. (Le Devoir) 



Semaine du 5 mars
La Mer au loin 

Film de Saïd Hamich - Belgique, France, Maroc - 1h 57 - avec Ayoub Gretaa, Anna Mouglalis, Grégoire Colin 
Nour, 27 ans, a émigré clandestinement à Marseille. Avec ses amis, il vit de petits trafics et mène une vie marginale et festive… Mais sa rencontre avec Serge, un flic charismatique et imprévisible, et sa femme Noémie, va bouleverser son existence. De 1990 à 2000, Nour aime, vieillit et se raccroche à ses rêves. 
Déployé sur dix ans, de 1990 à l’an 2000, le film, inspiré par L’Éducation sentimentale de Flaubert et par la musique raï (exilée en France, à Marseille et réinventée par l’exil), évoque de nombreux sujets : l’amitié, le couple, l’amour, la famille, le SIDA, et l’immigration – sans jamais réduire la trajectoire de Nour à une seule de ses dimensions. Saïd Hamich Benlarbi nous invite comme à l’improviste à suivre le parcours de vie complexe et dense du jeune homme. Ayoub Gretaa, qui campe Nour, est la révélation du film. Souple, félin, tout aussi à l’aise dans le registre presque enfantin du post-ado des années 90 que dans celui de l’homme que les aléas de la vie se sont chargés de faire mûrir, il porte sans emphase l’émotion tout en retenue du film. Retour à Bollène nous avait stupéfaits, La Mer au loin, grand mélodrame magnétique et lumineux, comme la France en produit peu, nous enthousiasme. Attention néanmoins : larmes en cascade à anticiper. 'La Gazette d'Utopia) 



Semaine du 14 aout
Les gens d’à côté    


Film d’ André Téchiné - France - 1h 25 - avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Nahuel Perez Biscayart 
Lucie est une agent de la police technique et scientifique, proche de la retraite. Son quotidien solitaire est troublé par l’arrivée dans sa zone pavillonnaire d’un jeune couple, parents d’une petite fille. Alors qu’elle se prend d’affection pour ses nouveaux voisins, elle découvre que Yann, le père, est un activiste anti-flic au lourd casier judiciaire. Le conflit moral de Lucie entre sa conscience professionnelle et son amitié naissante pour cette famille fera vaciller ses certitudes… 
Savoir séparer la vie privée de la vie professionnelle, apprendre à connaître les gens avant de les juger, tenter de se mettre à minima à la place de l’autre, partager la vie de quelqu’un dont on n'a pas les mêmes idées, bref savoir dialoguer même avec l’ennemi, tout cela constitue la multitude de thématiques abordées en douceur dans ce thriller psychologique étonnant. Isabelle Huppert incarne avec aplomb cette veuve, dont le conjoint, également policier, s’est suicidé. Quant au duo composé par Nahuel Perez Biscayart (décidément très présent à Berlin) et Hafsa Herzi, il apparaît crédible de bout en bout. Le dernier film d'André Téchiné évolue ainsi sur le film du rasoir, entre tentation de la délation, risque de d'utilisation de sa fonction, mensonge et omission, solitude et famille de substitution, pour mieux semer le trouble.(abusdecine) 


Semaine du 14 aout
Aloïse 
 Film de Liliane de Kermadec - France - 1h 55 avec Caroline Huppert, Delphine Seyrig, Isabelle Huppert 
D’après la vie de l’artiste suisse Aloïse Corbaz. L’histoire d’une jeune femme d’origine modeste, pleine d’ambition artistique. Gouvernante en Allemagne, la première guerre mondiale l’oblige à regagner sa patrie. Mais fragile et perturbée, elle est internée jusqu’à la fin de sa vie. Isolée du monde, elle le réinvente par la peinture… 
On croit souvent Liliane de Kermadec la cinéaste d’un seul film. C’est faux, elle a réalisé à partir des années 60 et jusqu’à sa mort en 2020 une petite vingtaine de films, longs et courts, divers, télé et ciné, fictions ou documentaires. Au cours de la seconde moitié de sa vie, elle mène à bien des projets autoproduits autour de figures aussi variées – mais secrètement liées par la politique et le genre – que l’éditrice de l’œuvre de Charles Fourier, Simone Debout-Oleszkiewicz (Paris ou l’utopie perdue, 2018), ou les femmes du mouvement révolutionnaire des Tupamaros en Uruguay (le Cri des fourmis, 2015). S’il est donc faux qu’elle est la réalisatrice d’un seul film, Aloïse (1975), toutes ces autres productions sont invisibles, perdues, inachevées, hors circuit. Liliane de Kermadec est à peine une artiste mais maudite. Comme Aloïse. (Libération) 


Semaine du 21 aout
Val Abraham

Film de Manoel de Oliveira - Portugal, Suisse, France - 3h 23 - avec Luís Miguel Cintra, Leonor Silveira, Cecile Sanz de Alba 
AEma, pour s'évader de sa vie terre à terre, se réfugie dans la poésie et le romantisme. Ses amours successives ne voilent pas sa désillusion progressive et, comme Emma Bovary, la conduisent à la mort. 
Vale Abrãao» est le film d’Oliveira où l’amour n’est plus le privilège des femmes et le sexe celui des hommes. Car cette Ema faite de feu, cette femme qui se donne à son mari, puis à ses amants, sans les aimer et sans rien demander, c’est la Terre et c’est l’épée à la fois, elle est née comme ça. C’est la Bovary de «l’âme qui balance» et que les hommes aiment à la folie mais ne comprennent jamais. Pas la Bovary de Flaubert, mais celle, sacrée, de Agustina et de Oliveira. Seule la rivière – le Douro, toujours – pourra l’accueillir, ses supplices, ses extases, tout le désir. (fidMarseille.org) 



Semaine du 21 aout 
Le Schpountz 

Film de Marcel Pagnol – France - 2h 08 - avec Fernandel, Fernand Charpin, Orane Demazis 
Jeune commis épicier un peu mythomane, Irénée, à qui le cinéma a tourné la tête, est convaincu qu'il deviendra un acteur célèbre. Il rencontre une équipe de tournage qui lui réserve une plaisanterie cruelle... Il arrive aux studios plein d'espoir... 
Inspiré d'une anecdote survenue sur le tournage d'Angèle, le personnage de Fernandel, neveu de l'épicier du village (inoubliable Fernand Charpin), se fait berner par une équipe de tournage, qui lui réserve une plaisanterie bien cruelle. Dans un jeu de dupes à la fois drôle et pathétique, la plume chantante de Pagnol dénonce la futilité et l'hypocrisie d'une profession, tout en s'interrogeant sur la fonction du comique. Les simulacres, les désillusions et les remords serviront la cause du fada, qui finira par triompher dans une joyeuse pagaille.(cinematèque) 


Semaine du 28 aout
L’innocent  

Film de Luchino Visconti - Italie, France - 2h 09 - avec Jennifer O'Neill, Laura Antonelli, Giancarlo Giannini 
Dans l'Italie bourgeoise du XIXe siècle, Tullio, l'époux de Giuliana, n'a de cesse de tromper sa femme ! Il fréquente d'ailleurs très régulièrement Teresa. Un jour, cette dernière rencontre un autre homme et cela rend Tullio très triste. Il se tourne alors de nouveau vers sa femme, mais celle-ci, en désespoir de cause, a trouvé elle aussi un amant ! Réalisant qu'il est trop tard pour la récupérer, il s'apprête à commettre une grave erreur... 
Ce film douloureux, hanté par la mort, n'a rien d'académique. La reconstitution luxueuse de l'Italie des années 1900 est marquée par la nostalgie de Visconti pour son enfance aristocratique. (Télérama) 
Le résultat est un grand film malade, au montage pas toujours maîtrisé, mais qui porte indéniablement la marque de son auteur. Un testament morbide et décadent réalisé par un vieil homme n'ayant pas fait la paix avec ses démons intérieurs. (aVoir-aLire.com) 



Semaine du 28 aout
Mon parfait inconnu
 
Film de Johanna Pyykkö - France, Norvège - 1h 47 - avec Camilla Godø Krohn, Radoslav Vladimirov, Maya Amina Moustache Thuv 
Ebba, jeune femme solitaire de 18 ans, travaille dans le port d’Oslo. Un soir, elle découvre à terre un homme d’une grande beauté, blessé à la tête. Se rendant compte qu’il est atteint d’amnésie, elle lui fait croire qu’ils sont amants et leur construit un univers bâti sur le mensonge. Mais progressivement, Ebba comprend que les pires tromperies ne viennent peut-être pas d’elle... 
Rythmé par les illusions et les mensonges de son héroïne, Mon parfait inconnu a quelque chose du conte. Mais dans Mon parfait inconnu, un mensonge peut en cacher mille autres et Ebba va bientôt se retrouver prise à son propre piège. Alors que nous sommes entrés dans le film par le biais de sa psyché, nous finissons peu à peu, comme elle, par nous perdre, à ne plus vraiment savoir ce qu’il faut craindre, ce qui relève du fantasme ou de la paranoïa. (Lebleudumiroir) 



Semaine du 31 aout
Baby Sitter

Film canadien, français de Monia Chokri - 1h 27 - avec Patrick Hivon, Monia Chokri, Nadia Tereszkiewicz 
Suite à une blague sexiste devenue virale, Cédric, jeune papa, est suspendu par son employeur. Pour se racheter, il va avec l'aide de son frère Jean-Michel, s'interroger sur les fondements de sa misogynie à travers l’écriture d’un livre. De son côté, sa femme Nadine en proie à une dépression décide d'écourter son congé maternité. L’arrivée dans leur vie d’une baby-sitter au charme espiègle et envouteur, va chambouler leur existence. 

Cette comédie 100% québécoise interroge les rapports hommes-femmes avec une liberté de ton réjouissante et une esthétique joyeusement décalée qui joue avec les codes de la série B. (Le JDD) 
Une réjouissante exploration de la loi du désir qui appuie les stéréotypes pour mieux leur faire la peau. (L'Humanité)