Printemps 2020
La Cordillière des songes 
 
Film chilien, français de Patricio Guzmán - 1h 25 - 
 
Il ne sait plus par quel bout prendre son pays. En exil depuis les années 70, le Chili est loin, comme un souvenir qui s'efface mais vous hante quand même, paradoxe douloureux qui a des allures de double peine. Pour clore sa trilogie de la mémoire qui s'enfuit, le génial poète documentariste chilien fait planer sa caméra au-dessus de la cordillère des Andes. On a l'impression d'y toucher l'éternité, la puissance de la Terre elle-même, comme si elle pouvait parler, raconter quelque chose de beau et terrible à la fois. (Première) 
 
Dernier chapitre d'une trilogie unique (après Nostalgie de la lumière et Le Bouton de nacre), ayant ausculté le corps social, politique et géographique de sa patrie, ce retour sur les traces presque effacées de sa jeunesse sud-américaine permet à Guzmán de faire siens les mots de Saint-Exupéry, qui affirmait que l'on « est de son enfance comme on est d'un pays ». Avec une force d'évocation intacte, il continue de filmer les cicatrices d'une dictature abolie mais aux racines profondément enfouies, toujours impossibles à arracher sans éventrer la fragile cohésion d'un pays encore convalescent. (Positif) 
 
mercredi à 20h30 et dimanche à 20h30
Botero 
 
Film colombien, canadien de Don Millar - 1h 22 - 
 
Fernando Botero est l'artiste le plus exposé au monde. Mais derrière le peintre et sculpteur, quel personnage, quelle vie... Nous suivons un peintre autodidacte qui se propulse au sommet du monde de l'art. Le film réunit l'homme et son art pour capturer l'essence de Botero : la résolution tranquille et la force de caractère qui lui ont permis de vaincre la pauvreté, des décennies de critiques acerbes et la mort tragique de son fils de quatre ans. C'est une chronique poétique d'une vie inspirante et un regard en coulisse sur le pouvoir d'une vision artistique unique. (Allociné) 
 
Jeudi à 20h30, et lundi à 20h30
La Llorona 
 
Film guatémaltèque, français De Jayro Bustamante- 1h avec María Mercedes Coroy, Sabrina de La Hoz, Julio Diaz 
 
Après Ixcanul (les Indiens) et Tremblements (les homosexuels), Jayro Bustamante continue à explorer le traitement violent réservé aux minorités au Guatemala, à travers le massacre des opposants au régime militaire et l'impunité accordée aux généraux génocidaires. Il s'inspire pour l'occasion de l'ex-président Efraín Ríos Montt, dont la condamnation pour crimes contre l'humanité a été prestement annulée. Bustamante raconte le retour dans son antre d'un homme qui va se retrouver peu à peu hanté par son passé. Et sa belle idée est de convoquer les codes d'un cinéma fantastique dépouillé de tout effet spécial ainsi que la légende de la Llorona pour raconter cet isolement grandissant. Il fait monter l'angoisse en jouant sur les mouvements de caméra, la composition des cadres et un travail sur le son, et en faisant du hors-champ un personnage essentiel de cette intrigue. Implacable. (Première) 
 
samedi à 17h30 et mardi à 20h30
La Vie invisible d'Euridice Gusmão 
 
Film brésilien, allemand de Karim Aïnouz - 2h 20 - avec Carol Duarte, Julia Stockler, Gregório Duvivier 
 
Superbe récit en forme de mélo, que le cinéaste brésilien Karim Aïnouz (dont le père est kabyle) réalise avec une ampleur éblouissante, traduisant la beauté tellurique de son pays entremêlée à sa dimension sociale. (Sud Ouest) 
 
La banalité du sexisme qui ponctue le récit est une des forces de cet ambitieux mélodrame, justement couronné du prix Un certain regard à Cannes. Pas de démonstration à charge, mais une fresque édifiante arrimée à deux lignes de vie, l'une dans les bas-fonds de la ville où les mères célibataires vendent parfois leur corps pour trouver une issue financière, l'autre dans une cellule familiale type de la classe moyenne de l'époque. Pas de coups saillants, mais une violence symbolique installée à tous les étages. (Positif) 
 
Si cette histoire de sœurs émeut tant, c'est parce que les sentiments les plus vifs suscités par le film émanent plutôt de la dépendance invisible, quasi inconsciente et à contretemps, qui relie ces deux destins. (Les Cahiers du Cinéma) 
 
vendredi à 20h, dimanche à 17h
Samedi 15 février 
Intervention de Florence Coronel sur le cinéma d'Amérique du Sud et repas sud-américain 
 
 
Repas (8 €,) inscription avant le 12 février minuit, 
Au menu : Chili con carne - Salade de fruits 

La Bonne Réputation 
 
Film mexicain d’Alejandra Marquez Abella - 1h 39 - avec Ilse Salas, Cassandra Ciangherotti, Paulina Gaitán 
 
Mexico, au début des années 1980,alors que la crise économique n'épargne personne, ou presque. Sofia, une femme de la haute bourgeoisie... ne supporte pas de devoir envisager son déclassement social... La réalisatrice mexicaine dépeint avec minutie et une discrète cruauté les faits et gestes et les états d'âme de son héroïne, une femme qui communie sur l'autel du bling-bling et du mépris de classe. Un film maitrisé et corrosif qui rend curieux des œuvres à venir de la cinéaste. (Positif) 
 
Assez finement, La Bonne Réputation parvient à être acide sans être fielleux, et drôle sans cesser d'être inquiétant. (Libération) 
Samedi à 21 h et mardi à 18 h